Non, le secrétaire général de l'ONU n'a pas exprimé son “admiration” pour Laurent Gbagbo après son acquittement par la CPI

Publié le 15 avr. 2021 à 19:43 Modifié le 15 avr. 2021 à 19:43

  • Non, le secrétaire général de l'ONU n'a pas exprimé son “admiration” pour Laurent Gbagbo après son acquittement par la CPI

Un “homme de paix” dont “l’Afrique” toute entière “a besoin”: depuis l’acquittement de l’ex-président de Côte d’Ivoire Laurent Gbagbo par la Cour pénale internationale, des propos attribués au Secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres circulent sur les réseaux sociaux, dans lesquels le diplomate portugais semble se réjouir de la décision de la CPI. Il s’agit en réalité d’une infox.

Un “homme de paix” dont “l’Afrique” toute entière “a besoin”: depuis l’acquittement de l’ex-président de Côte d’Ivoire Laurent Gbagbo par la Cour pénale internationale, des propos attribués au Secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres circulent sur les réseaux sociaux, dans lesquels le diplomate portugais semble se réjouir de la décision de la CPI. Il s’agit en réalité d’une infox. Contacté par l’AFP, le porte-parole d’Antonio Guterres a assuré que le patron de l'ONU n'avait jamais tenu de tels propos. Et contrairement à ce qu’affirment plusieurs de ces publications, il n’existe aucune trace de ces déclarations sur sa “page officielle”.


Le Secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres ravi de l’acquittement de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo? C’est ce que prétendent des publications massivement partagées sur les réseaux sociaux en Côte d’Ivoire depuis la décision de la Cour Pénale Internationale (CPI), qui a confirmé le 31 mars sa décision de première instance envers l’ex-chef d’Etat africain.

Laurent Gbagbo, 75 ans, était jugé pour “crimes contre l’humanité” en raison de son rôle présumé dans les violences post-électorales de 2010 et 2011, nées de son refus de reconnaître la victoire à la présidentielle de son rival Alassane Ouattara. Ces violences, qui ont fait 3.000 morts, avaient poussé la CPI à engager fin 2011 une procédure judiciaire contre l’ancien président ivoirien.

Près de 10 ans après l’ouverture du dossier, la justice internationale a finalement confirmé mercredi le verdict de première instance, en reconnaissant Laurent Gbagbo définitivement “non coupable” des crimes qui lui étaient reprochés. Cette décision, saluée par les partisans de l’ex-chef d’Etat, a ouvert la voie à son retour en Côte d’Ivoire.


Quel sera son rôle politique dans le pays? Dans ce contexte inédit, des publications ont prétendu relayer quelques heures après la décision de la CPI des propos du Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, dans lesquels le diplomate portugais exprime sa “grande admiration” pour l’ancien président ivoirien et semble se réjouir de son acquittement.

On a fini par découvrir en lui un homme de paix”, affirme Antonio Guterres dans ces publications. “Son pays a besoin de lui, toute l’Afrique a besoin de lui”, insiste-t-il.


Ces propos ont été relayés par plusieurs médias en ligne, dont new-africa.org et ci.opera.news, qui précisent qu’Antonio Guterres s’est exprimé “sur sa page officielle”, “quelques heures seulement” après la décision de la CPI.

Ils sont rapidement devenus viraux sur les réseaux sociaux, cumulant près de 1.000 partages sur Facebook (12, 34, 5…) - notamment sur la page FPI TV, tenue par des partisans du parti politique fondé par Laurent et Simone Gbagbo.


Antonio Guterres n’a pas tenu de tels propos

Pourtant, le Secrétaire général de l’ONU n’a jamais tenu de tels propos - dont la teneur est peu crédible au regard des usages diplomatiques.

En parcourant la “page officielle” d’Antonio Guterres sur Facebook, l’AFP n’a retrouvé aucune déclaration publique relative à Laurent Gbagbo et à son acquittement. Idem pour son compte twitter, qui ne porte nulle trace de telles déclarations. Idem encore pour le site officiel du patron de l’ONU.

Contacté par l’AFP, le bureau du Secrétaire général des Nations Unies a confirmé qu’Antonio Guterres n’avait jamais tenu les propos qui lui sont prêtés. Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétariat général, rappelle que l’ONU ne commente jamais les décisions de la Cour pénale internationale.

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