Non, consommer de l’oignon n'aide pas à maintenir une prostate saine à tout âge

Publié le 3 août 2021 à 11:43 Modifié le 3 août 2021 à 11:43

  • Non, consommer de l’oignon n'aide pas à maintenir une prostate saine à tout âge

Une publication largement diffusée sur Facebook assure que le jus d'oignon permet de maintenir une prostate saine à tout âge. Aucune étude scientifique n'indique cela et les spécialistes recommandent plutôt la pratique régulière du sport et une alimentation saine.

Une publication largement diffusée sur Facebook assure que le jus d'oignon permet de maintenir une prostate saine à tout âge. Aucune étude scientifique n'indique cela et les spécialistes recommandent plutôt la pratique régulière du sport et une alimentation saine.Sur Facebook, cet internaute a fait une publication portant sur les bienfaits de l’oignon sur la prostate. La publication, intitulée « Pour une prostate saine à tout âge », est datée du 23 août 2020 et a suscité plus de 3000 commentaires pour 30 000 partages à la date de mise en ligne de cet article


Les recommandations de la publication

L’auteur de la publication recommande de boire du jus d’oignon pur, pour garder une prostate saine : « Même à 75 ans, en l'absence de problème de circulation sanguine, vous banderez toujours ferme comme un jeune » promet-il.

Pour « permettre à cette glande (la prostate, Ndlr) d'être en bon état jusqu'à votre vieillesse (….) », la publication recommande notamment de prendre huit gros oignons ou une douzaine, si elles sont de taille moyenne. De les couper grossièrement, puis les écraser et récupérer le jus pur au moyen d’un foulard propre. Ensuite boire un verre de 33 centilitres de ce jus le matin dans un estomac vide. 

« Renouveler l'opération trois semaines plus tard, puis une troisième fois après trois autres semaines. C'est tout. Vous venez ainsi de débarrasser votre prostate de toutes sortes de toxines. La glande retrouve son état de jeunesse. Répétez cette série d'opération tous les 10 ans », suggère l’auteur du post. 


Ce que dit une étude sur les bienfaits de la famille des alliums

Un article du site Futura Science, intitulé « Mangez de l’ail ! », parle des bienfaits des légumes de la famille des alliums (ail, échalote, oignon...). On peut y lire qu’une étude sino-américaine confirme que la consommation d’aliments provenant de la famille Allium (plus particulièrement l'ail et l'échalote) réduit le risque de développement de cancers de la prostate. 

L'étude en question, publiée dans le Journal of the National Cancer Institute, a été menée à Shanghai en Chine par la National Cancer Institute des Etats-Unis et le Shanghai Cancer Institute.

Les auteurs de l'étude précisent toutefois que celle-ci présente plusieurs limites potentielles. Ils estiment que d'autres études sont nécessaires, notamment sur des groupes de populations différentes, pour déterminer les risques réduits associés à une catégorie d'alliums spécifique et les mécanismes biologiques impliqués.

Toutefois, contrairement au post Facebook, l’étude n’a pas mentionné qu’il fallait consommer ces légumes crus et n’a pas non plus parlé des fréquences de la consommation. 


Les différentes affections de la prostate

Africa Check a interrogé des spécialistes de la santé. 

« La prostate est une glande qui fait partie de l'appareil reproducteur masculin. Elle est située sous la vessie, en avant du rectum. Elle entoure l'urètre qui est le canal qui conduit l'urine de la vessie vers l'extérieur », décrit le professeur Pape Ahmet Fall, chef de service d’urologie à l’hôpital Dalal Jaam de Guédiawaye à Dakar. Il explique que la prostate normale pèse 15 à 20 grammes et est le siège du développement d’un des cancers les plus fréquents chez l’homme.

« La prostate a pour rôle de produire le liquide prostatique, qui est une des composantes du sperme » ajoute le docteur Mamadou Lamine Sagna, médecin généraliste à l’hôpital de Bignona dans le sud du Sénégal.  

Cet organe, poursuit Pr Fall, présent chez tous les hommes, peut développer des maladies, dont deux principalement liées à l’âge et survenant à partir de 45-50 ans. « Il s’agit de l’hypertrophie bénigne de la prostate, encore appelée l’adénome de la prostate qui est une des maladies les plus fréquentes et du cancer de la prostate », énumère-t-il. 

Toutefois, une autre maladie peut également toucher la prostate, selon Pr Fall. Il s’agit de la prostatite qui peut être aiguë ou chronique. Cette dernière, dit-il, est une infection et peut survenir chez des patients de tous les âges.

Quant à l’hypertrophie bénigne qui est la maladie la plus fréquente de la prostate, elle se manifeste par une augmentation de volume de la prostate. Mais ceci est différent du cancer, souligne Dr Sagna qui explique que l’augmentation de volume de la prostate due au cancer est le résultat de cellules qui se développent de manière anarchique. « Alors qu’avec l’hypertrophie, la prostate augmente de volume, mais elle n’évolue pas comme le cancer », dit-il. 

L’action du jus d’oignon sur la prostate n’est pas reconnue scientifiquement

« A notre connaissance, il n’est pas reconnu que le jus d’oignon pur puisse aider à combattre certaines maladies de la prostate et encore moins à la garder jeune même au-delà de 70 ans », affirme Pr Fall. Ce dernier admet cependant, qu’un régime alimentaire riche en fruits et légumes et pauvre en matières grasses peut jouer un rôle protecteur sur certaines affections prostatiques en particulier le cancer de la prostate. 

« De plus, certains extraits de plantes (pygeum africanum ou prunier d'Afrique, serenoa repens ou chou palmiste… ), vendus en pharmacie, ont fait preuve de leur efficacité dans le traitement de l’hypertrophie bénigne de la prostate » dit-il. 

Du même avis que le professeur Fall, le docteur Sagna soutient que scientifiquement, il n’a pas encore été démontré qu’un aliment puisse être efficace contre le vieillissement et les maladies de la prostate. « Étant des scientifiques, nous ne nous basons que sur des choses qui ont été prouvées scientifiquement », dit-il. 

Pour garder une prostate saine, le généraliste recommande la consultation régulière à partir de 40 ans et de faire le dosage de la PSA (Prostate Specific Antigen ou antigène spécifique de la prostate) qui est une hormone secrétée par la prostate. A partir d’un certain niveau, explique-t-il, elle peut signaler l’apparition probable d’une hypertrophie ou d’un cancer de la prostate. 

En guise de prévention, il conseille de faire le dosage tous les deux ans. « Et cela de manière systématique. Elle va permettre de détecter au plus tôt certaines maladies », conseille-t-il. 


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