Attention, ces soldats français ne forment pas des "rebelles terroristes"

Publié le 7 juil. 2021 à 18:30 Modifié le 7 juil. 2021 à 18:40

  • Attention, ces soldats français ne forment pas des "rebelles terroristes"

Une vidéo partagée plus de 2.000 fois depuis le 3 juillet montre selon les internautes qui la partagent des militaires français formant des "rebelles terroristes" au Sahel. Attention: ces images montrent bien des soldats de l'opération Barkhane, mais qui entraînent des forces armées reconstituées, a précisé l'armée malienne à l'AFP. Ces bataillons sont notamment composés d'anciens rebelles. Selon l'Etat-major de l'armée française, Barkhane n'organise des actions de formations qu'avec la Force co

Une vidéo partagée plus de 2.000 fois depuis le 3 juillet montre selon les internautes qui la partagent des militaires français formant des "rebelles terroristes" au Sahel. Attention: ces images montrent bien des soldats de l'opération Barkhane, mais qui entraînent des forces armées reconstituées, a précisé l'armée malienne à l'AFP. Ces bataillons sont notamment composés d'anciens rebelles. Selon l'Etat-major de l'armée française, Barkhane n'organise des actions de formations qu'avec la Force conjointe du G5 Sahel et les forces armées nationales des pays du Sahel, conformément aux accords en vigueur.


Allongé sur le sol, chèche blanc sur la tête, un homme vêtu d'un uniforme couleur sable pointe un fusil vers une cible située hors du champ de la caméra. A ses côtés, un militaire en treillis et chèche noir semble l'aider à viser, avant de prendre sa place et de tirer. "Voilà ! Voilà, c'est bien", l'encourage une voix en français. Autour d'eux, quatre hommes discutent et leur prodiguent des conseils.

Cette vidéo a été vue plus de 100.000 fois et partagée plus de 2.000 fois sur Facebook depuis le 3 juillet. Selon les internautes qui la relaient, elle montrerait une session de formation dispensée par "les militaires français" aux "rebelles terroristes", sans que ceux-ci ne soient nommés ou rattachés plus précisément à des groupes précis. 





Formation d'un bataillon de l'armée malienne

Pourtant, cette vidéo ne montre pas des militaires français formant des "rebelles terroristes" au maniement des armes, comme le prétendent les internautes. 

Plusieurs indices dans la vidéo permettent certes d'identifier des soldats français: les quelques mots échangés en français dans la vidéo, tout d'abord, mais également l'écusson bleu-blanc-rouge (rectangle rouge) sur l'uniforme de l'un des formateurs, visible à la 11ème seconde.




 


Un écusson est par ailleurs reconnaissable sur l'épaule du militaire français qui tire à la toute fin de la vidéo (loupes rouges): c'est celui de l'opération anti-jihadiste Barkhane, une opération française à vocation régionale au Sahel forte de 5.100 hommes actuellement. 






Cependant, cette vidéo a été prise "lors d'une formation que Barkhane prodiguait aux éléments de l'armée reconstituée, aussi appelée BAT-FAR (Bataillon des Forces Armées Reconstituées)", et non pas lors d'une formation clandestine dispensée à des "terroristes", a déclaré le 5 juillet à l'AFP un officier de l'armée malienne, joint par téléphone à Kidal, bastion d'ex-rebelles dans le nord du Mali. "L’exercice de tirs [visible dans cette vidéo], c’était la semaine dernière", a ajouté cet officier.


L'AFP n'a en effet pas retrouvé de publications partageant ces images avant le 3 juillet, date à laquelle la vidéo que nous vérifions a été mise en ligne. Les bataillons mixtes de l'armée malienne dite "reconstituée", composés à ratio égal des forces armées maliennes, des combattants de l'ex-rébellion et des groupes armés pro-gouvernement, sont une composante clé de l'accord de paix signé en 2015 à l'issue du processus d'Alger. Cette feuille de route, censée résoudre la profonde crise sécuritaire débutée en 2012 avec le soulèvement de groupes armés indépendantistes touareg puis jihadistes dans le nord du pays, n’est que très partiellement mise en œuvre. Des éléments de cette armée recomposée ont toutefois commencé à se déployer dans le nord du Mali début 2020, notamment à Kidal et Tombouctou.


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